Après le succès de L’Amour c’est mieux à deux, co-réalisé avec Dominique Farrugia, Arnaud Lemort signe seul Dépression& des potes un film drôle plein de tendresse et d’émotion. Un film de copains avec Fred Testot, Jonathan Lambert, Ary Abittan, Arié Elmaleh qui plaira aussi à leurs copines.
Je ne vais pas mentir, Arnaud Lemort et moi nous connaissons. On n’est pas amis au sens anté-facebookien du terme, on a bossé ensemble et on s’apprécie. C’était en 2000, je faisais du développement de projet pour Expand et j’ai rencontré Arnaud Lemort sur le conseil de ma productrice Marie-France Brière : “ll faut que tu voies Arnaud Lemort, c’est un auteur absolument génial et tu ne peux que l’adorer ! Il met en scène Franck Dubois, un type qui va cartonner. Son machisme modéré et ton féminisme exacerbé vont parfaitement cohabiter pour c’qu’on va produire”.
Je n’ai surtout pas cherché ce qui justifiait qu’on qualifie mon féminisme d’exarcerbé. J’ai plutôt prié pour que Marie-France Brière n’ait pas inversé les doses : lui, confit dans un machisme exacerbé et moi en féministe mollassonne. J’ai donc commencé à bosser au côté d’Arnaud Lemort…Quand au bout d’une semaine, MFB m’a demandé ce que je pensais d’Arnaud Lemort, j’ai dit : “Il est très drôle, il est super sympa et super super chevelu…mais absolument pas macho !“. Ce à quoi Marie-France Brière a répondu : “J’espère pour toi qu’il est plus drôle que chevelu ! Je ne t’ai jamais dit qu’il était macho, jamais, tu confonds !”. Voilà comment on fait à la télé pour faire bosser les gens ensemble. Marie-France Brière savait que pour lancer un programme comme “La guerre des sexes” il fallait qu’elle instaure d’emblée un climat de méfiance entre nous.
Arnaud Lemort et moi avons donc signé l’adaptation d’une émission d’access prime-time qu’on destinait idéalement à France 2, et qui n’a jamais vu le jour malgré le tournage d’un pilote plutôt réussi (comme on dit). On a bien bossé, on a beaucoup ri (son rire est immédiatement identifiable comme celui de son ami Dominique Farrugia) et je suis allée, le 24 novembre 2000, à La Comédie de Paris voir ce Franck Dubois qui, en réalité, s’appelle Dubosc. J’ai beaucoup aimé “J’vous ai pas raconté ?”, son deuxième spectacle co-écrit et mis en scène par Arnaud, et qui reste mon préféré des shows de Dubosc.
C’est un plaisir de revoir aujourd’hui Arnaud Lemort. Il est toujours aussi sympa, encore plus drôle et à 40 ans, c’est un mystère, de plus en plus chevelu ! Je vous embête avec la tignasse d’Arnaud ? Moi, ce qui m’embête c’est que 75% des articles sur Monica Bellucci ne mentionnent que ses ronnndeurs, sa bôôôté, ses forrrrmes généreuses, ses cheveux et jamais son jeu. C’est dit. Il ne sera plus question ici de la pilosité amazonienne d’Arnaud Lemort mais de lui, de la comédie et de son film.
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INTERVIEW D’ARNAUD LE MORT, RÉALISATEUR DE DÉPRESSION & DES POTES
Leblogfemmequirit. Le titre Dépression & des potes m’a un peu surprise. La dépression n’est pas un état auquel on vous associe d’emblée.
Arnaud Lemort. J’ai connu des petits coups de mous et des descentes comme tout le monde mais pas la dépression au sens maladif du terme. Le vrai point de départ de Dépression & des potes, c’est une histoire d’amour dans laquelle j’ai plongé à corps perdu. J’étais amoureux et heureux d’avoir enfin trouvé LA nana qu’il me fallait. Je vivais pleinement cette histoire d’amour dans mon coin et j’avais un peu délaissé mes potes. Et là, mes potes m’ont engueulé: «Qu’est-ce que tu fous ? On n’te voit plus, tu nous manques ! Tu fais chier !». Ce jour-là, j’étais vachement perturbé de les entendre me dire que je leur manquais. Alors, après avoir réalisé avec Dominique Farrugia, la comédie romantique L’amour, c’est mieux à deux, je voulais creuser une histoire d’amitié. C’est un thème qui m’importe d’abord parce que je suis fils unique. J’ai deux demi-sœurs mais je n’ai pas vécu avec elles et mes parents sont loin. Les potes ont une importance capitale dans ma vie. Si je ne vais pas bien, ce sont eux que j’appelle en premier.
LBFQR. Aviez-vous à l’esprit des comédies déjà existantes autour de ce thème ?
A.L. Les films de potes, il y en a pas mal mais autour de la dépression, j’ai pensé précisément à 10 de Blake Edwards avec Bo Derek et Dudley Moore. C’est l’histoire d’un mec qui est compositeur de musique à Los Angeles, qui a une vie géniale, plein de thunes…Il fête ses 42 ans et s’aperçoit qu’il se fait chier, qu’il y a un truc qui ne va pas. Il croise une fille (Bo Derek) qui va se marier et décide de la suivre jusqu’au Mexique pour son voyage de noces. J’avais cette référence en tête et plein d’autres en écrivant mon film. Ce genre de dépression est un point de départ pour une comédie dont j’espère qu’on relèvera toute la tendresse et l’émotion et pas seulement les vannes.
LBFQR. C’est pourtant tentant d’enchaîner les vannes quand on en a beaucoup écrit pour la radio, la télé et les one-man-shows.
A.L. Oui, mais pour moi Dépression&des potes est tout sauf un concours de vannes. Une vanne ne peut fonctionner que si elle s’inscrit dans la logique des personnages et celle de l’histoire qu’on déroule. Si c’est juste pour faire rire, on ne fait pas un film mais un carnet de blagues !
LBFQR. Vous avez été comédien et auteur, la réalisation de comédies était-elle inscrite dans un plan de carrière ?
A.L. Non et même si depuis l’école, on m’a toujours renvoyé l’image de quelqu’un de drôle qui fait marrer les autres, je suis arrivé là un peu par hasard. Le vrai démarrage, ç’a été le Café du Trésor, à Paris, où je travaillais comme serveur, il y a une quinzaine d’années. Je faisais rire autour de moi. Les gars me trouvaient drôle quand, à la fin du service en rangeant les serviettes dans des sacs, j’y allais de mon p’tit commentaire et faisais le con. Les deux patrons de l’époque, Alain Attal et Laurent Taïeb (aujourd’hui producteurs au sein des Films du Trésor et des Films du Cap) m’ont encouragé à faire du stand-up. Attal ou Taïeb, je ne sais plus lequel, m’avait surnommé «Le Killer». Je suis monté sur une petite scène au fond du café et j’ai fait rire des gens. Voilà le point de départ de mon travail d’auteur. J’ai ensuite été engagé à la radio chez Ruquier dans Rien à cirer et j’ai commencé à gagner ma vie avec de la comédie.
LBFQR. Et que racontait votre stand-up ?
A.L. Je dis «stand-up» aujourd’hui, mais à l’époque, je ne connaissais même pas le mot ! Et personne ne l’utilisait d’ailleurs. Laurent Taïeb avait vu à Los Angeles des artistes se produire dans des petites salles et il avait trouvé cela extraordinaire. Il m’avait juste dit : «C’est des gars qui racontent leur vie en étant drôles, stop». J’étais déjà monté sur scène au Café de la Gare, mais là c’était un autre exercice. Un mec m’a aidé à écrire et j’ai appelé cela «Le roman d’un serveur» en pensant au «Roman d’un acteur» de Caubère. Je racontais mon quotidien de serveur qui habitait dans une chambre de bonne au septième étage sans ascenseur, qui bouffait des pâtes de chez ED…
LBFQR. Ecrire des sketches ne fait pas nécessairement de vous un réalisateur.
A.L. Non, mais en travaillant avec Franck Dubosc comme co-auteur et metteur en scène sur «J’vous ai pas raconté ?», j’ai rencontré Christian Fechner, un grand nom de la comédie en France. Il avait vu Franck sur scène et voulait travailler avec lui. Comme à l’époque Franck et moi étions toujours ensemble, c’est ensemble qu’on est arrivés chez Fechner.
LBFQR. Dans quel état d’esprit avez-vous quitté la scène pour devenir auteur à plein temps ?
A.L. Sans regrets car la vie de comédien ne me plaisait pas. Devoir se faire désirer par des gens ne m’intéressait pas. J’étais vraiment un gratte-papier, quelqu’un qui aimait passer du temps à écrire. Quand tu écris des spectacles et que, d’un seul coup, on te demande d’écrire des scénarios, c’est génial ! J’ai eu la chance d’apprendre à écrire des scénarios chez cet homme extraordinaire qu’était Christian Fechner.
LBFQR. D’où vient ce capital d’humour qu’on vous accorde ?
A.L. On n’sait jamais pourquoi on est plus drôle qu’un autre mais je sais que j’étais entouré de gens drôles dans ma jeunesse. J’ai une mère qui adore rire. On dit que mon rire est très communicatif et je pense avoir chopé ça d’elle. Ma mère est une vraie spectatrice, elle adore rigoler ! Mon père était assez drôle tout comme mon oncle. C’étaient les mecs qui mettaient l’ambiance lors des soirées diapos à la maison. Je me souviens qu’il y avait parfois un carrousel de deux cents diapositives, que la projection pouvait durer quatre heures mais que ça passait très vite parce que mon père et mon oncle faisaient des vannes à chaque photo. J’ai baigné dans cette ambiance de rigolade et même si ça n’était pas des professionnels de l’humour ils m’ont élevé dans une humeur joyeuse.
LBFQR. Une humeur joyeuse devenue vitale au point que vous ayez eu envie de la prolonger et d’en faire un métier ?
A.L. Oui parce qu’au-delà de procurer du plaisir et du bien-être, quand tu commences à faire rire tu te dis que c’est peut-être par là qu’on t’aime. Et donc, tu t’appliques de plus en plus à faire rire. Tu constates que certains sont beaux gosses ou sportifs ou encore bons élèves…moi, je savais que j’arrivais à me faire aimer en déconnant.
LBFQR. Comment se faire aimer, c’était LA question qui vous préoccupait ?
A.L. Non, mais on sait tous très bien qu’on a envie de se faire aimer dans la vie. Les gens qui ont envie de se faire détester, y en a pas beaucoup ! Tu te dis : «Tiens, c’est comme ça que les serrures se débloquent et que j’ouvre des portes». Je viens d’un milieu plutôt populaire et j’ai vu combien j’ai pu naviguer dans plein de milieux différents parce que l’humour et le rire ouvrent un tas de portes. Et dans tous les domaines : les relations sociales, celles avec les meufs. Hein, femme qui rit ? Je ne la ferai pas mais tu vois bien que les rencontres sont facilitées dès que tel mec te fait rire et que tu le trouves cool. Dans le travail, c’est pareil, moi, ça m’importe de me dire que je vais m’éclater avec les gens et que ça ne va pas être chiant ! Quand tu sais que tu as cette «arme-là», cette capacité de faire rire, eh bien tu considères que c’est un atout.
LBFQR. Pourquoi avoir abandonné cet atout en n’écrivant plus pour des one-man-shows ?
A.L. J’ai co-écrit et mis en scène les spectacles de Jonathan Lambert (L’homme qui ne dort jamais), Philippe Lelièvre (Givré!) et Franck Dubosc (J’vous ai pas raconté ?)… et mis en scène l’imitateur Michael Gregorio. Le one-man-show, ça prend beaucoup de temps. Quand j’ai travaillé avec Franck Dubosc, il avait un petit appart dans le 18ème arrondissement où on écrivait la journée en bouffant des boîtes de sardines. Entre cette époque-là et L’Olympia, il se passe cinq ans et tu ne fais pratiquement que ça. Je l’ai fait à une époque et on m’a demandé de le refaire mais je n’aime pas m’engager à moitié. Un one-man-show, ça prend beaucoup de temps parce qu’un spectacle se réécrit tous les soirs et que l’artiste a besoin de toi tout le temps.
LBFQR. Diriez-vous que ces artistes de one-man-shows qui ont besoin d’être accompagnés tout le temps sont plus fragiles que les autres ?
A.L. Les artistes en général sont fragiles. Le problème d’un artiste de comédie c’est que s’il ne fait pas rire, il entre dans une phase de doute gigantesque. Moi, je l’ai vécu. Il y a des moments très cool sur scène où tu fais rire et ça te porte; d’autres où les gens n’écoutent pas et là, tu as envie de disparaître. Tu as l’impression que tu vas mourir sur place en te demandant ce que tu fous là. D’un seul coup, si tu n’as pas de rires, tu as l’impression d’être au-delà du ridicule. Tu penses : «Je suis une merde en train de dire trois blagues». Tu te vois et cette vision-là est horrible !
LBFQR. Vous n’avez casté que des acteurs spécialisés dans le one-man-show et dans la comédie. Est-on obligé de n’engager que des spécialistes du rire pour générer le rire ?
A.L. Je ne crois pas du tout au contre-emploi dans la comédie parce que c’est une énergie spéciale et qu’il faut vraiment aimer ça. C’est un genre qui demande une énergie folle et je préfère solliciter des gars qui sont habitués à ça et qui connaissent exactement la mécanique que c’est à l’intérieur. Fred Testot, Ary Abittan, Arié Elmaleh et Jonathan Lambert sont drôles et me font hurler de rire dans la vie, sur scène et à l’écran. Ils savaient qu’on allait faire, refaire et re-refaire et tous m’ont donné plus qu’il n’en fallait. Et franchement, en comédie, tu préfères enlever des choses qu’en rajouter. Si, derrière la caméra, je suis plus drôle que le comédien qui joue devant, c’est que j’ai raté mon casting.
LBFQR. Dépression&des potes suit quatre potes, votre précédent film L’amour c’est mieux à 2 tournait autour de deux figures masculines (Manu Payet et Clovis Cornillac). Vous sentez-vous capable d’écrire pour des filles comme Laurence Arné qui a fait du one-woman-show, qui joue dans vos deux films et pourrait s’imposer comme la Cameron Diaz française ?
A.L. Ça c’est clair ! Laurence Arné est une fille merveilleuse ! C’est une nana qui adore la comédie et qui a exactement l’énergie requise pour ça comme Virginie Efira d’ailleurs. Ça n’est que mon deuxième film et j’essaie de faire ce travail avec la plus grande sincérité. Pour l’instant, je trouve très difficile d’écrire des rôles de filles parce que nous les garçons, on est finalement très timides et on ne connaît que 20% de la vie des filles. On se rend compte de ce qu’elles peuvent vivre à travers les debriefings de ce qu’elles appellent des «dîners de filles» mais beaucoup de choses nous échappent.
LBFQR. Qu’est-ce qui vous échappe au point qu’on devienne à vos yeux si mystérieuses ?
A.L. Les femmes peuvent aller très loin lorsqu’elles parlent de Q et de plein d’autres sujets. C’est extraordinaire ! J’ai 40 ans et je commence à aimer les femmes. C’est peut-être une question d’âge mais aujourd’hui je me rends compte que quand ma meuf se prépare (NDLR : la comédienne Gyselle Soares qui joue la fiancée de Fred Testot), et que je l’attends, je ne regarde plus ma montre en pensant que je suis prêt et pas elle. Non, je commence à adorer cette heure de préparation et quand tu te mets à adorer ça, tu penses : «Waouh, c’est cool ce que fait une meuf avant de sortir !»
LBFQR. Et nous faisons souvent ça pour vous rien que pour vous !
A.L. Voilà, et quand tu as compris ça, c’est magique ! Et j’en suis qu’au début. J’ai découvert ce plaisir-là d’aimer la féminité dans tous ses kifs et ses travers. Tu commences à pénétrer le cerveau d’une femme… et encore une fois, j’en suis qu’au début.
LBFQR. Les préliminaires ne commencent pas forcément là où l’on croit !
A.L. Exactement ! Peut-être que dans trois-quatre ans j’aurais assez de matériau pour écrire pour des filles. Judd Apatow n’a fait que des films de mecs. J’ai cru comprendre qu’il voulait faire une sorte de Very bad trip au féminin. Alors quand il produit Mes meilleures amies, c’est Annie Mumolo et Kristen Wiiig, l’actrice principale qui vient du Saturday Night Live, qui sont derrière le clavier. C’est dur d’écrire des rôles de filles. Les femmes restent celles qui écrivent le mieux sur les femmes.
LBFQR. Vous pensez qu’il y a un humour féminin et un humour masculin ?
A.L. Ah oui ! Aucun mec n’aurait osé écrire le quart de tout ce que font Kristen Wiig et ses copines dans Mes Meilleures amies ! Aucun homme n’aurait pu écrire la scène où elles vomissent, pètent… où l’une d’elle s’accroupit en pleine rue pour chier alors qu’elle porte une robe de mariée ! Ce n’est pas vulgaire et c’est très drôle ! Il faut vraiment être une femme pour seulement imaginer que c’est possible.
LBFQR. Ou avoir beaucoup d’imagination comme Michael Patrick King, principal scénariste de Sex and The City !
A.L. Oui et les observer surtout…En ce moment je travaille sur un scénario où, pour la première fois, j’ai écrit un personnage de fille bourrée. J’en ai vu des filles bourrées, mais c’est dur. Alors ça vient petit à petit mais même avec beaucoup d’observation je ne l’écrirai jamais comme une femme le ferait.
LBFQR. Si vous voulez voir une femme bourrée, il faut absolument voir la comédienne Emilie Deletrez qui fait une composition étonnante !
A.L. Emilie ? Et je la vois où ? Elle fait quoi ?
LBFQR. C’est une comédienne extraordinaire dont le spectacle s’appelle L’art (in)délicat de la féminité. Elle a un sketch sans paroles qui est un vrai bijou en termes d’humour, d’efficacité sur l’ivresse au féminin. Pour revenir au film et plus largement à la comédie, de quoi nourrissez-vous votre écriture ?
A.L. Je suis fan de bonnes comédies françaises. Intouchables, évidemment ! Plus jeune, je regardais toute la collection René Château Video. J’ai vu tous les Fernandel, les Bourvil…je louais et relouais des comédies sans cesse. Je suis de la génération que Les Bronzés ont marquée. Je me nourris aussi de comédies américaines comme Mes meilleures amies de Paul Feig. J’ai eu un véritable choc en voyant Mary à tout prix des frères Farelly. C’était la première fois qu’on avait le culot de filmer une couille en gros plan !
LBFQR. Et une fille avec du sperme dans les cheveux sans qu’elle soit dans un porno !
A.L. Mary à tout prix, c’est absolument irrésistible de drôlerie et jamais vulgaire. Les frères Farelly ont été de gros déclencheurs pour moi. Je suis également fan inconditionnel depuis toujours de Woody Allen parce que c’est un mélange de rire et d’intelligence. Je le suivrai jusqu’au bout parce qu’il m’a fait rêver. Qu’il s’agisse de Manhattan, de Radio Days…je peux revoir quinze fois un Woody Allen ! Fan absolu aussi de Blake Edwards et de sa collaboration avec Peter Sellers aussi bien dans La Panthère rose que dans The Party, fan de Victor et Victoria et de 10.
LBFQR. Les frères Farelly, Woody Allen, Blake Edwards…ce sont des références qui aident à créer ou au contraire qui paralysent dans le sens où on désespère de faire aussi bien ?
A.L. Non, ça n’est jamais paralysant car revoir leurs films c’est mesurer l’exigence absolue qu’ils ont. Mieux vaut avoir vu dix très bons films et se dire qu’on n’atteindra jamais leur niveau que de voir de très mauvais films et se dire : «Ça me va ! ».
LBFQR. L’écriture est-elle un exercice laborieux pour vous ?
A.L. Quand tu écris, c’est long, très long. La légende veut que John Hugues ait écrit La folle journée de Ferris Bueller en un mois…si j’arrivais à écrire en un mois, je serais heureux ! Quand tu écris une histoire, tu veux être le plus original possible et en fait, tes premières versions sont remplies de 80% de clichés. Alors tu écrèmes, tu élagues, tu coupes et tu vois qu’il ne te reste pas grand chose par rapport à la première version. Il reste peu mais tu as osé aller vers une certaine vérité et là, tu cherches des situations encore plus originales. Moi, je me mets des challenges. Dans l’histoire qu’on raconte avec l’aveugle et les parents juifs, j’aurais pu mettre des parents juifs face à une goy et c’est tout. Mais je me dis que si elle est goy et aveugle face à des parents juifs opticiens, ça ajoute une situation de comédie. Mais ça ne me suffit pas ! Elle est aveugle, eh bien, je la fais jouer au ping-pong ! Le fond de l’histoire est inchangé mais les situations de comédie sont nouvelles. Je ne crois pas avoir vu récemment de comédies où une aveugle jouait au ping-pong.
LBFQR. Dans votre précédent film des handicapés jouaient au basket en fauteuil roulant. Est-ce important pour vous de placer le handicap au cœur de certaines situations de comédie ?
A.L. En comédie, si on est malin et qu’on travaille un peu, on peut rire de tout. Handicapés, valides, je ne fais pas la différence, mes films rient avec eux jamais contre eux. Mon ambition dans l’écriture c’est de raconter une histoire cohérente nourrie de situations inédites. A l’époque de L’amour c’est mieux à deux, il n’y avait pas de handicapés placés dans une situation de rire; Intouchables et Hasta la vista n’étaient pas encore sortis.
LBFQR. Quelle est votre définition de l’humour ?
A.L. L’humour, c‘est voir la vie du bon côté. C’est un paravent. C’est la distance qu’on a sur les choses.
LBFQR. Y a t-il des choses qui ne vous font pas rire ?
A.L. Je peux tout traiter sauf peut-être la maladie, la mort… et encore, je peux vraiment rire de tout !
LBFQR. Vous connaissez bien le one-man-show quels humoristes d’aujourd’hui vous font rire ?
A.L. J’aime bien l’énergie sur scène de Foresti. C’est une petite de Funès au féminin. Florence Foresti me fait beaucoup rire, elle a une énergie exceptionnelle ! Celui qui m’a épaté dernièrement c’est Baptiste Lecaplain. Je le voyais comme un zébulon et foufou…ce qu’il est d’ailleurs, mais avec une maîtrise incroyable ! Tu ressors de son spectacle avec l’impression d’avoir pris de l’énergie pour cinq ans ! C’est un grand souvenir de spectacle !
Synopsis de Dépression&Des Potes
Franck a tout pour être heureux. Une jolie fiancée brésilienne, un boulot intéressant et pourtant…En vacances sur une plage de rêve à l’Ile Maurice, il déprime. De retour à Paris, le diagnostic du médecin tombe: il est en dépression. Quand il retrouve sa bande de potes qu’il n’a pas vue depuis six mois, il leur annonce la nouvelle. Chacun va s’investir pour lui faire remonter la pente. Mais on s(aperçoit très vite qu’ils sont aussi déprimés que lui. C’est finalement tous ensemble qu’ils vont essayer de retrouver un équilibre.
Egalement au générique : Laurence Arné, Anne Depetrini, Gyselle Soares, Charlie Bruneau, Ginnie Watson et Philippe Lelièvre.