Alexandra Lamy : “Même si j’ai mon mari, je ne suis pas une femme entretenue !”

Alexandra Lamy revient au théâtre dans La Vénus au Phacochère. La populaire Chouchou d’Un gars, une fille y joue trois rôles dont celui de Misia et laisse exploser son talent de grande comédienne.

Alexandra Lamy © Julien De Rosa/Starface

Alexandra Lamy © Julien De Rosa/Starface

Alexandra Lamy est arrivée à 15h pile dans ce troquet discret du IIIème arrondissement de Paris où nous avions rv. Un col roulé noir, un jean, des bottines brunes, une veste et son éternel sourire radieux pour toute parure, elle est entrée discrètement et les quelques clients ont respecté cette attitude. On ne la dévisage pas, c’est une jolie femme comme une autre. Alexandra Lamy rit et sourit beaucoup, c’est sa nature. Elle est surtout heureuse de parler de son travail malgré le bruit persistant des klaxons qui la contraint à donner de la voix. J’avais demandé 20 minutes d’interview, elle m’en a accordé 50 parce qu’elle est passionnée et que tout ce qui touche à la liberté des femmes la mobilise. J’ai donc pu l’interroger sur : La Vénus au Phacochère (au Théâtre de L’Atelier), pièce aux accents graves mais pleine d’humour qu’elle porte de façon épatante, ses rêves de théâtre et ses projets au ciné, sa version du féminisme, son indépendance à laquelle elle tient farouchement…Egalement sur des sujets que je n’avais pas prévus comme la réaction de Jean Dujardin (à l’affiche de Möbius le 27 février) face aux femmes harcelées au quotidien, la paresse de certains réalisateurs, sa sœur Audrey Lamy... En tout point, Alexandra Lamy est sincère, honnête, directe, rare.

“LA SEULE LIBERTÉ QU’ON A, QUAND ON EST CONTRAINT PHYSIQUEMENT, C’EST LA LIBERTÉ DE PENSER”

LEBLOGFEMMEQUIRIT. La Vénus au Phacochère est une pièce de Christian Siméon avec qui vous avez déjà collaboraré, il y a dix ans, comment cette seconde collaboration a-t-elle été inititée ?

ALEXANDRA LAMY. Christian et moi avons en effet déjà travaillé ensemble pour la pièce Théorbe qui m’a valu une nomination aux Molières. Nous nous sommes retrouvés par hasard. Il m’a fait faire une lecture pour France Culture dans le cadre du Festival d’Avignon 2012 et ce qui n’était qu’une lecture est devenu un projet théâtral grâce, entre autres, à la directrice du Théâtre de L’Atelier. J’ai tout de suite dit oui. On a démarré trois semaines après, je n’ai pas eu le temps de réfléchir. Tant mieux car je ne serais peut-être pas partie dans cette aventure.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui vous a intéressée dans cette pièce au point de ressentir le besoin de  la jouer tout de suite ?

ALEXANDRA LAMY.  Evidemment, l’écriture extrêmement drôle, cruelle, dure et fine de Christian Siméon que j’aime beaucoup. Rares sont les bons auteurs vivants, c’est pour cela qu’il faut les soutenir. Et puis l’histoire de cette femme à la Belle Epoque m’a interpellée. C’est un moment très dur pour les femmes. On est loin du droit de vote, loin d’exister de manière indépendante. A un moment Misia dit : «C’est étonnant comme les hommes s’enthousiasment des femmes qui ne sont pas les leurs et qui gagnent leur vie avec leur art». Effectivement, c’était rare et même Sarah Bernhardt est passée par des périodes difficiles avant de devenir LA grande Sarah Bernhardt. Si vous n’étiez pas mariée ou entretenue comme une cocotte par un homme riche, c’était une catastrophe !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. En quoi le sort de Misia vous parle-t-il d’un point de vue plus personnel ?

ALEXANDRA LAMY. Il me touche d’un point de vue personnel parce que j’ai conscience d’avoir eu la chance de choisir mon métier et de l’exercer librement; mais la question de l’indépendance matérielle est un sujet universel qu’on peut étendre à toutes les femmes. La Vénus au Phacochère est une réflexion sur leur liberté et leur libération. Misia est une grande pianiste bridée par son mari qui refuse  qu’elle gagne sa vie et préfère qu’elle donne des galas de bienfaisance. Surnommée la Reine de Paris, elle était entourée d’artistes et d’écrivains comme Mallarmé, Vuillard, Bonnard, Toulouse Lautrec, Renoir, Redon, Cocteau, Chanel dont elle a été une amie très proche…de personnalités qu’elle a influencées, guidées ou pour lesquelles elle a simplement posé comme modèle. Elle avait le nez pour détecter les talents et c’était un vrai mécène. Sans elle, Diaghilev n’aurait pu monter Les Ballets Russes et on voit avec quelle énergie elle tente d’imposer Bergson à son mari Thadée Natanson, directeur de La Revue Blanche. Et quand elle épousera Edwards, cet “ogre qui rit”, elle utilisera son argent pour encourager et accompagner les artistes. J’aime son indépendance d’esprit, son intelligence, son humour, sa curiosité, sa force. Elle est dépendante financièrement mais elle est libre intellectuellement. La seule liberté qu’on peut défendre quand on est contrainte physiquement, c’est la liberté de pensée.

“JE DIS À MA FILLE DE FAIRE ATTENTION QUE LES FILLES NE RÉGRESSENT PAS”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Misia, votre personnage, est choquée par le discours  De l’infériorité de la femme de Strindberg. Connaissiez-vous ce texte ?

ALEXANDRA LAMY. Non, c’est Jean-Claude Carrière qui me l’a montré. Ce texte est d’une violence inouïe ! Je n’avais pas cette image de Strindberg qui a écrit de très jolis rôles pour les femmes. C’est inimaginable ! Nous ne sommes même pas capables de faire un café car il nous est impossible de nous concentrer. Il essaie de montrer des choses techniques de notre cerveau… C’est complètement dingue !

Pendant les répétitions au Théâtre de L’Atelier. © Julien de Rosa.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous parlez de liberté et de libération des femmes, que dites-vous à votre fille de 15 ans des libertés qu’il nous reste à conquérir ?

ALEXANDRA LAMY. C’est amusant parce que je disais récemment à ma fille qu’il fallait faire attention que les filles ne régressent pas. Celles de sa génération ont une telle liberté que du coup, elles ne foutent plus rien. Je vois que leurs petits copains montent des groupes de musique, font du sport et pas mal de trucs; et  parfois, les filles passent leur temps à se regarder en photos sur Facebook et finalement ne font plus rien. Je leur dis de faire gaffe parce qu’elles sont en train, non pas de se refaire bouffer par les hommes, mais de reculer. Elles ont une telle liberté qu’elles ne se cassent plus la tête pour défendre des choses essentielles et qu’elles les oublient même. Il n’y a pourtant pas si longtemps que nos mères se sont battues pour que les femmes avancent librement et soient considérées comme des personnes à part entière. Autour de nous, dans d’autres pays, des petites filles rêvent d’aller à l’école parce que l’éducation est une vraie liberté. C’est même la première. Empêcher une fillette d’aller à l’école, c’est la priver de liberté, c’est une catastrophe !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quel type de féministe êtes-vous ?

ALEXANDRA LAMY. Je n’aime pas tenir un discours féministe de type MLF. Je trouve que ça nous sépare des hommes et  je ne suis pas pour ce genre de division. Mon féminisme tient en quelques valeurs essentielles comme l’égalité entre l’homme et la femme et la reconnaissance de droits équivalents qu’il s’agisse de vote, de salaire, de représentation politique. Ce n’est pas votre genre qui vous détermine à être apte à une fonction mais vos capacités, votre intelligence et votre travail. Je ne veux pas être virulente parce qu’il ne faut pas effrayer les hommes qui ne savent plus comment nous prendre.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous les sentez perdus ?

ALEXANDRA LAMY. Déboussolés, oui… parce que je pense honnêtement qu’on est parfois un peu plus fortes qu’eux (rires). On est capable d’avoir un boulot, d’être maîtresse, d’être mère, de vider le lave-vaisselle en passant un coup de fil important tout en disant aux enfants de faire leurs devoirs; de continuer à bosser alors qu’on est enceinte, de rentrer du travail, le soir, épuisée et de faire attention à soi, d’être encore charmante avec son mari etc…Autour de moi, je vois des hommes déstabilisés se demander à quoi ils servent, parce que les femmes gagnent leur vie et parfois mieux qu’eux. C’est pour ça que j’aime bien l’équilibre plutôt que la division.

“JE ME DEMANDAIS SI LES GENS ALLAIENT PAYER POUR ME VOIR“.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quelles appréhensions avez-vous eues à être seule sur scène ?

ALEXANDRA LAMY. Je n’avais jamais été seule sur scène même si dans Théorbe je l’étais, au début, pendant quarante minutes. C’est super angoissant d’être seule avec soi-même ! Ça paraît couillon dit comme ça mais, à un moment, il faut avoir un peu confiance en soi. Il n’y a plus de souffleur au théatre depuis longtemps donc…

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Certains ont des oreillettes !

ALEXANDRA LAMY. (rires) Oui, merci, mais je ne suis pas encore de ceux-là ! Je les réserverai quand je perdrai la mémoire. Il faut avoir une grande confiance en soi, y aller et se dire que si on a un trou ou qu’il se passe quoi que ce soit, on est seule sans personne sur qui s’appuyer. Avant la première, j’avais une de ces trouilles ! Est-ce que je suis crédible, drôle, pas drôle ? Est-ce que ça va marcher ?

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous avez été révélée par une série de télé populaire et réussi à jouer au théâtre des pièces estimées par la critique et le public au point même de décrocher une nomination aux Molières. Un tel bond, une telle reconnaissance rarement possibles en France, ça n’efface pas les doutes ?

ALEXANDRE LAMY. Quelles que soient les récompenses, ce sont des questions que tout comédien se pose. C’est pour cela qu’on y va à tâtons. Moi, je me demandais si les gens allaient payer pour me voir sur scène, s’ils allaient aimer…Je suis traversée par le doute en permanence mais tant mieux, ça me permet de me remettre en question. Si j’étais trop sûre de moi ça me serait sans doute fatal. Ça me rappelle cette anecdote qu’on raconte à propos de Sarah Bernhardt. Une petite jeune fille lui demande : –“Vous, Sarah Bernhardt, vous avez le trac ? Et Sarah Bernhardt lui répond : “Tu verras, ça te viendra avec le talent “(rires). Donc, non, ça n’efface pas les doutes mais ça me permet de me donner des challenges et de m’encourager à y aller.

Alexandra Lamy répondant à une journaliste de TF1. © Bigmitch

“JE PARS DU PRINCIPE QUE LE SPECTATEUR EST INTELLIGENT“.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Le rôle de Misia vous a-t-il demandé  beaucoup de recherches ? Comment l’avez-vous travaillé ?

ALEXANDRA LAMY. Au début je ne fais pas trop de recherches et reste sur le texte seul. Je suis beaucoup rentrée dans le texte pour m’approprier tout ce dont j’avais besoin. Ensuite, je me suis renseignée sur Misia, Thadée Natanson, La Revue Blanche, les tableaux, Alfred Edwards…Une fois riche de tout cela, il a fallu que je me l’accapare, que je l’adapte à moi. Je joue trois personnages sur scène mais il était hors de question de changer de costumes ou d’utiliser une moustache pour faire l’homme, un chapeau pour la femme. Je  pars du principe que le spectateur est intelligent. Si on lui donne les bons codes, il comprend. Il suffit que je change un peu ma voix sans verser dans l’imitation, que j’appuie un geste, une expression du visage et on comprend très vite. Pour faire Geai Simpson, l’amie de Misia, j’emprunte des attitudes de Coco Chanel, Marlène Dietrich, pour faire Thadée Natanson, le mari de Misia, je change de voix et bouge différemment. Et Misia, c’est moi ! Alors au début, ça demande au public un peu de concentration. Je sens même une espèce de flottement de sa part parce qu’on ne saisit pas bien les prénoms. Ta Geai et Thadée… on pense que c’est Ta G et Ta D…et on se dit mais pour quoi il signe Ta D alors que c’est un homme !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ces trois personnages, vous les avez abordés séparément en fragmentant le texte ?

ALEXANDRA LAMY. Non, j’ai tout appris d’un coup très rapidement en dix jours. Je ne peux travailler et tenter des choses que si je suis libre dans le texte. Avoir le texte à la main me gêne. Je me suis donc donné des dates : au bout d’une semaine, il fallait que j’en sache plus de la moitié. Pendant dix jours non-stop j’ai avalé le texte, ce qui m’a permis ensuite de trouver les codes inhérents à chaque personnalité. Plus on est précis dans ces codes mieux les gens comprennent. La Vénus au Phacochère est une pièce qui réclame beaucoup de précision et de concentration. Le soir, je me refais toujours un petit parcours avant le spectacle. Je dis que le spectateur est intelligent parce que aujourd’hui, on lui donne tellement de trucs prémâchés qu’il n’a pas le temps de réfléchir. Certains se sont dit : “Mais qui sont la Duse, Nora, d’Annunzio, Duverger, Maeterlinck… ? Mince, il faut réfléchir !”.  Mais tout le monde peut le faire et à la fin du spectacle, tout le monde est super content au point d’acheter le livre de la pièce. Ce n’est pas qu’ils ressortent plus intelligents mais ils ont appris plein de choses. L’important ce n’est pas de retenir les noms des personnes qui ont gravité autour de Misia mais la dimension sociale du texte.

 

Alexandra Lamy photographiée avec le Samsung Camera MV900 F, lors de notre rv.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Justement quelles autres questions sociales en rapport avec notre époque le texte soulève-t-il  ?

ALEXANDRA LAMY. Ce qui ressort de cette pièce, c’est aussi le harcèlement d’un milliardaire cynique qui décide qu’avec l’argent on peut tout acheter même une femme de tête comme Misia. C’est l’emprise de “cet ogre qui respire les femmes”, les dégoûte et les attire en même temps. Un genre d’homme très charismatique qui exerce son pouvoir aussi bien sur les femmes que sur les hommes et qui, bien sûr, en abuse.

“LE COMBAT DES FEMMES EST D’AUTANT PLUS DUR QUE RIEN N’EST GAGNÉ”

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ce qui conduit à cette scène très difficile de la voiture où Misia est agressée…

ALEXANDRA LAMY. C’est en effet une scène forte qui vient tout doucement et à laquelle on ne s’attend pas. C’est violent pour Misia parce que c’est son mari qui la précipite dans cette situation. En ne s’étonnant pas qu’Edwards offre des colliers de perles à sa femme, et en lui demandant d’aller le voir, Thadée envoie  Misia dans un guet-apens. On en revient toujours au carcans visibles ou invisibles dans lesquels les femmes étaient enfermées. Qu’il s’agisse de corsets ou de carcans moraux, sociaux…

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A ce propos, Misia dit : “Les femmes aiment les carcans parce que les hommes aiment les femmes dans des carcans. Une femme qui bouge, ça fait trop peur !”  

ALEXANDRA LAMY. Effectivement, et c’est une femme qui bouge qui vous parle ! (Rires). Les hommes… enfin, certains hommes aiment bien que les femmes soient dans un cadre, très bien posées là sans bouger. Une femme trop libre effraie. Les femmes sont capables de tellement de choses ! On est assez fortes finalement. Ça n’est pas tant une force physique que psychologique et morale. On est capable de penser, de se lever pour dire non ! Merkel dirige l’Allemagne, mince ! Il y a un bond et en même temps, une régression extrêmement violente par rapport à cette reconnaisance des aptitudes de la femme. Un recul d’ailleurs souvent lié à la religion qui nous a appris à voir la femme voilée, excisée, impure…Et il y a des extrémismes dans toutes les religions. A ma connaissance, seule la religion protestante établit que la femme est l’égale de l’homme.


LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous êtes originaire des Cévennes, vous préparez un film sur les Camisards, vous êtes peut-être protestante. De quelle façon cela guide-t-il votre vie ?

ALEXANDRA LAMY. Je suis d’éducation catholique mais je dirai que je suis devenue ou plutôt que je me sens plus protestante. Je trouve qu’il y a une vraie égalité entre hommes et femmes chez les protestants. Les femmes peuvent prêcher, les pasteurs peuvent se marier. Je trouve qu’en général c’est une religion plus tolérante. Mais à vrai dire, ce ne sont pas tellement les religions elles-mêmes qui dictent ces comportements extrêmes mais les hommes. Notre combat est d’autant plus dur que rien n’est gagné finalement quand on voit des pays comme l’Egypte où les femmes dans les années 60 portaient des jupes même courtes et qu’aujourd’hui elles sont voilées. Elles ne se voilent pas par choix mais parce qu’elles en on marre d’être insultées à longueur de journée ou carrément violées. Je ne sais pas si vous avez vu Les femmes du bus 678 ( Ndlr: de Mohamed Diab) qui raconte le calvaire des femmes agressées quelles que soient leurs tenues vestimentaires, d’ailleurs.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quelle forme de violence êtes-vous confrontée en tant que femme ?

ALEXANRA LAMY. C’est drôle car dernièrement j’ai regardé avec mon mari le film de cette réalisatrice belge tourné en caméra cachée (Ndlr :Femme de la rue de Sofie Peeters). Elle y montre tout ce qu’elle subit tous les jours dans la rue. Mon mari m’a dit (Ndlr: Alexandra Lamy prend un air dubitatif, une voix plus grave et imite Jean Dujardin) : “Oh, oh, oh, qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Ça t’arrive ? “. J’ai répondu : “Si les gens ne me reconnaissent pas, oui”. Et il refait : “Oh, oh…Ah bon ? Mais pourquoi tu ne me le dis pas ?”. J’ai dit : Mais on ne vous le dit plus ! Si je rentrais tous les soirs en disant : Dis donc, on m’a dit ci et ça ! Tu deviendrais dingue”. Et mon mari très étonné a dit :  “Ah bon ?”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Tant qu’un homme n’est pas témoin ou acteur de ce genre de comportement, il reste sceptique…

ALEXANDRA LAMY. Le lendemain, on se promène à vélo. Moi devant, il me suit. Je croise des hommes qui ne voient pas mon mari et qui ne me reconnaissent pas en tant qu’Alexandra Lamy parce que je porte un chapeau. Et ils commencent à me siffler, m’interpeller : «Psitt, hé, hé…». Et là, Jean est devenu dingue ! Il disait : “J’y crois pas, j’y crois pas !”. J’ai répondu : “Parce que tu ne fais pas attention!”.  Toutes les femmes vivent ça et on ne peut pas rentrer tous les soirs en se plaignant. Malheureusement, on s’y habitue et on n’en parle plus. Moi, ma fille me le disait, maintenant elle ne me le dit plus. En plus, c’est une grande blonde…évidemment qu’elle se fait siffler dans la rue ! Je suis encore plus choquée parce qu’elle a 15 ans ½ donc j’ai envie de les frapper ! (rires). On en revient au propos de la pièce : la vision qu’on a des femmes, les femmes-objets, les femmes qu’on a le droit d’acheter, d’utiliser.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pourquoi ne vous voit-on pas davantage au théâtre où vous avez une vraie légitimité ? Après Deux sur la balançoire avec Jean Dujardin, puis Théorbe et la nomination aux Molières vous auriez pu enchaîner les projets.

ALEXANDRA LAMY. C’est vrai, mais d’un coup j’ai eu pas mal de propositions au cinéma. J’ai aussi une vie de famille, nous avons des enfants (Ndlr : Alexandra Lamy a une fille de 15 ans née de sa précédente union avec le comédien Thomas Jouannet, Jean Dujardin a deux fils de 11 et 12 ans également issus d’une autre union) et le théâtre est peu compatible avec la vie de famille. Ça va mieux maintenant parce que les enfants sont grands et que je sais que vais aller de plus en plus vers le théâtre. J’adore le théâtre pour le théâtre lui-même et aussi parce que c’est un art qui propose de très beaux rôles de femmes, souvent plus beaux qu’au cinéma, quel que soit leur âge. Jouer Deux sur la balançoire, avec Jean c’était super pour nous mais super dur pour les enfants. On ne les voyait ni le soir ni le week-end, j’avais l’impression qu’un jour ils m’auraient appelée «madame ». Au théâtre, il faut trouver la bonne pièce qui vous correspond parce qu’il faut y aller tous les soirs. Ce n’est pas comme un tournage qui passe plus vite. J’ai besoin d’être passionnée par ce que je fais, j’aime les challenges et, disons-le, on ne m’a pas proposé que des choses comme Théorbe ou La Vénus.

Avec Jean Dujardin au Dîner de Gala du Festival de Cannes 2012.

“AU CONSERVATOIRE, J’ÉTAIS JEUNE ET BLONDE MAIS PAS DU TOUT TYPÉE JEUNE PREMIÈRE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quel type de pièces vous proposait-on à l’époque ?

ALEXANDRA LAMY. On m’a proposé beaucoup de boulevards, des pièces de Guitry que j’aime beaucoup mais que je n’avais pas envie de faire parce que je les ai vues 1500 fois et que j’en ai fait beaucoup quand j’étais plus jeune. J’avais envie de rôles qui m’excitent et me donnent envie de me dépasser.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Au Conservatoire de Nîmes compte tenu de votre voix et de votre physique, dans quoi vous distribuait-on ?

ALEXANDRA LAMY.Contrairement à ce qu’on croit, rarement dans les comédies et certainement pas dans les rôles d’ingénues ni de jeunes premières. J’étais jeune, blonde aux cheveux longs et pourtant je n’étais pas du tout typée jeune première. Mon jeu et ma voix ne correspondaient pas à ceux des jeunes premières. On me donnait plutôt des rôles comme Phèdre, même si je n’avais pas l’âge du personnage.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pas d’Agnès, Desdémone, Roxane ou Doña Sol ?

ALEXANDRA LAMY. Surtout pas ! Et dans Les Liaisons dangereuses, on ne m’a pas donné à jouer Madame de Tourvel mais La Marquise de Merteuil. Ma prof du Conservatoire, est très surprise finalement que j’aie l’image d’une comédienne de comédie grâce à Un gars, une fille alors que je ne venais pas de là. C’est avec Un gars, une fille que j’ai appris le plus sur la comédie. Ç’a été ma meilleure école.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Comment êtes-vous parvenue à ne pas vous user après 486 épisodes d’Un gars et une fille ? Vous auriez pu attraper des tics et ne pas savoir les gommer.

ALEXANDRA LAMY. Oui, complètement. C’est pour cela que j’ai fait attention aux rôles que je prenais. Ozon (Ndlr : François Ozon, Ricky, 2009) m’a fait du bien avec Ricky en me permettant d’accéder à un autre style de personnage un peu plus dans le drame, un peu plus social aussi. Le film de Bonnaire (Sandrine Bonnaire, J’enrage de son absence, 2012) aussi m’a fait du bien, tout comme celui d’Emmanuelle Bercot (Ndlr : La Question, sketch du film Les infidèles, 2012).

Avec Jean Dujardin dans La Question/Les Infidèles © Mars Distribution.

“JE SUIS TOUJOURS SURPRISE D’ENTENDRE DIRE: POURQUOI TEL COMÉDIEN EST MOINS BON DANS CE FILM QUE DANS L’AUTRE ?”

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Justement, j’ai l’impression qu’à l’exception de François Ozon, Emmanuelle Bercot et Sandrine Bonnaire, le cinéma ne sait pas vous utiliser à votre juste valeur et que le théâtre y parvient mieux.

ALEXANDRA LAMY. Exactement. Ou alors quelques réalisateurs savent…Mais on donne trop souvent de responsabilités au comédien dans les films. Je pense qu’il faudrait savoir en donner au réalisateur. Quand certains me disent : “J’aimerais que tu sois comme tu es dans le film de Bonnaire”, j’ai envie de leur répondre : “D’accord, mais tu sais me filmer comme ça, toi ? Tu sais me regarder ?” C’est ça aussi un réalisateur. Sabine Azéma a raison de dire qu’un réalisateur est quelqu’un qui sait regarder. C’est tellement facile de dire à un comédien : “Allez, vas-y “.  Encore faut-il savoir ce que tu filmes! Ozon est né avec une caméra, il vous regarde, vous chope, vous écoute dès le casting. Il saisit des choses que vous n’auriez peut-être pas soupçonnées en vous. Ozon fait un travail plein d’attention et de respect.

LEBLOGFEMMEFEMMEQUIRIT. Ce qui est une manière de justifier les écarts de jeu que l’on trouve chez un comédien d’un film à un autre ?

ALEXANDRA LAMY. Je suis toujours surprise d’entendre dire: “Pourquoi tel comédien est moins bon dans ce film que dans l’autre ?”. Ben, oui, peut-être que le réalisateur n’a pas su le filmer, raconter une histoire, que le scénario n’était pas formidable ! (rires).

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Là, vous me tendez une perche énorme. Je vous avais beaucoup aimée dans La Question, le sketch réalisé par Emmanuelle Bercot pour Les Infidèles et un mois après, j’ai vu L’Oncle Charles de Etienne Chatiliez, et là…

ALEXANDRA LAMY. Affreux !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. J’ai pensé : «Mais que diable est-elle donc allée faire dans cette galère ?»

ALEXANDRA LAMY. Complètement !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Je n’ai pas compris.

ALEXANDRA LAMY. Mais… personne. C’est pour ça que Gabin disait que pour faire un bon film il fallait un bon scénario,un bon scénario et un bon scénario. Oui, il faut un bon scénario dès le départ. Le film d’Etienne n’était pas un bon scénario dès le départ.

“QUAND J’AI ACCEPTÉ L’ONCLE CHARLES, JE N’AVAIS PAS BOSSÉ PENDANT 1 AN 1/2, HONNÊTEMENT, JE M’INQUIÉTAIS”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Si vous en étiez consciente à la lecture, pourquoi l’avoir accepté?

ALEXANDRA LAMY. D”abord parce que ça fait un an et demi que je ne bosse pas…bizarrement, après Ozon. Et Ozon m’avait prévenue : “Tu vas voir après le film Ricky, tu vas mettre un an avant de bosser”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. C’est la malédiction des films d’auteur ?

ALEXANDRA LAMY. Je n’sais pas mais c’est vrai que pendant un an et demi je ne bossais pas et honnêtement, je m’inquiétais. Déjà financièrement. C’est pour cela que quand on me parle des salaires des acteurs, ça me fait rire. Financièrement, même si j’ai mon mari, mon mari ce n’est pas moi. Je ne suis pas une femme entretenue! Je ne suis pas encore Misia ! (rires). J’accepte aussi ce film parce que c’est Etienne Chatiliez avec tous ses succès, tout ce qu’il a fait même s’il a eu un ou deux films où il s’est trompé et que le casting était bon : Eddy Mitchell, Valérie Bonneton..Je me suis dit on va trouver sur le tournage. Et finalement, un scénério s’il n’est pas bon, ça se voit jusqu’à la sortie du film. D’ailleurs quand on a vu le film avec Valérie (Ndlr : Bonneton), on s’est dit : «merde ! ». Je pense qu’Etienne Chatiliez au fond, le sait. Il y a eu quelque chose qui ne marchait plus, qui n’avait plus aucun intérêt et là, c’est terrible. Vous avez l’impression d’avoir trahi votre public et pour vous, vous vous dites : “Mais je n’avais pas envie de faire ça, en fait”. Après, on se dit : Bon, c’est 1 film. C’est un peu dommage car j’avais très envie d’une comédie après avoir tourné trois films un peu plus dramatiques dont Possessions de Eric Guirado. Je voulais revenir dans une bonne comédie et c’était pas la bonne comédie. Ça fait partie de la vie des comédiens, on n’est pas convaincu du film mais en même temps, il faut bien qu’on bosse.

LEBLOGFEMMEQUIRIT.  Concernant  les projets que vous avez, est-ce difficile de vivre non pas dans l’ombre mais à côté d’une star comme Jean Dujardin ?

ALEXANDRA LAMY. Vous savez une star, euh…c’est mon mari, ça fait dix ans ! Je ne le vois pas comme une star. Nos enfants non plus ne nous voient pas comme ça. Ils nous voient comme leurs parents. Heureusement encore !

“LE PROBLÈME DES GENS, C’EST QU’ILS ME COMPARENT AVEC MON MARI”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Peut-on continuer sa carrière de la même façon quand on vit avec quelqu’un qui est de plus en plus sollicité ici comme à l’étranger ? Vanessa Paradis a très peu tourné parce qu’elle vivait à Los Angeles avec  Johnny Depp et qu’elle élevait leurs enfants.

ALEXANDRA LAMY. Il ne faut surtout pas rentrer dans la comparaison. Le problème des gens c’est qu’ils me comparent à mon mari. Il ne faut pas ! D’abord on n’a pas les mêmes rôles, jusqu’à preuve du contraire (rires), on n’est pas sur les mêmes films…

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous faites beaucoup moins bien des claquettes.

ALEXANDRA LAMY (rires). Oui, je danse beaucoup moins bien les claquettes. En fait, ce sont les gens qui nous comparent. Moi, je ne me compare pas à mon mari. Nous ne sommes pas dans le même registre. C’est parce que tout le monde dit : “Oui, mais votre mari fait à chaque film un million d’entrées, et vous non !”. Oui, mais combien de comédiennes comme moi ne font pas un million d’entrées ? Comparez-moi à toutes les comédiennes qui ne totalisent pas un million d’entrées !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pensez-vous pouvoir réaliser vos rêves de comédienne ?

ALEXANDRA LAMY. Oui bien sûr !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Refuserez-vous des films parce que vous devrez sinon suivre accompagner votre mari ?

ALEXANDRA LAMY. Ben non. Ah non ! Moi je fais ma carrière. Bien au contraire, je continue ma carrière. Parfois, je sais qu’il y a des choses que je paie parce que je suis la femme de Jean Dujardin…

“JE NE SUIS PAS UNE FEMME QUI S’ARRÊTERAIT POUR SUIVRE SON MARI AUX USA”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quoi par exemple ?

ALEXANDRA LAMY (Elle réfléchit) En même temps, ça me donne une force aussi. Il faut bien que j’avance. On nous compare tellement que ça m’encourage à avancer. Et puis, mon mari et moi, on ne se voit pas comme ça. On s’est connus, on n’était pas connus. Au contraire, on se soutient beaucoup. Sinon on deviendrait dingues ! C’est pour cela que Jean fait sa carrière; moi, la mienne. Et moi, je suis une femme, pour le coup, indépendante et j’aime ça ! Je ne suis pas une femme qui d’un coup s’arrêterait parce qu’il faudrait suivre son mari aux Etats-Unis.

LEBLOGFEMMEFEMMEQUIRIT. Vous connaissez beaucoup de comédiennes qui laissent leurs compagnons tourner loin d’elles ?

ALEXANDRA LAMY. (Rires). Je ne suis pas sûre non plus qu’il aille beaucoup aux Etats-Unis même s’il va y faire des films. Notre carrière est quand même en France. D’abord parce qu’il y a la langue et puis il ne faut pas oublier que là-bas vous êtes et restez un acteur français. Il ne faut pas avoir le rêve américain non plus. Très peu réussissent. A part Marion Cotillard, il n’y a pas beaucoup de stars françaises qui ont réussi là-bas, honnêtement. Et puis, si tout le monde quitte la France, alors que c’est nous qui avons inventé le cinéma (rires), ce serait bien triste quand même !

“JE RÊVE DE JOUER  MARIE STUART AU THÉÂTRE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Le théâtre est votre première famille, de quels rôles rêvez-vous ?

ALEXANDRA LAMY.  J’aimerais travailler des pièces de Victor Hugo. Je rêve d’incarner Marie Stuart que j’ai déjà travaillé au Conservatoire. Christian Siméon a d’ailleurs écrit un très beau texte sur Marie Stuart que j’adorerais faire et qui n’a pas été interprété. J’aime beaucoup l’écriture de Christian qui mêle comédie et drame. Mon mari appelle cela des dramédies. Christian sait, dans le drame, ajouter un peu de comédie. Les comédies dramatiques comme La Vénus au Phacochère, c’est que qui m’amuse le plus. On se marre et tout d’un coup on se demande ce qui se passe.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui fait rire Alexandra Lamy ?

ALEXANDRA LAMY. Oh lala, je ne sais pas, c’est difficile ! C’est un rythme, un timing, la précision. Une fraction de seconde de trop et ce n’est plus drôle. C’est un débit, une façon de parler. Quand Thadée dans la pièce parle d’aller voir la Duse dans le rôle de Nora à Rome, il dit : «Ibsen en italien comme ce doit être amusant comme Maeterlinck en allemand, souviens-t’en comme on a ri !». Dit comme ça au premier degré, ça ne fait rire personne. Les gens se braquent sur Ibsen en se demandant sa nationalité, qui est la Duse, qui est Nora ? Alors que si je le fais à fond comme je l’ai fait hier, le public ne saisit pas davantage les références, qui en elles-mêmes ne sont pas drôles, mais il se marre parce qu’il me voit partir dans un fou rire. On ne comprend pas tout mais on cromprend qu’il faut rire. C’est, dans ce cas, le rythme et l’intonation plus que le contenu qui provoquent le rire.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quelles pièces, quels comédiens vous ont donné envie d’être sur scène ?

ALEXANDRA LAMY. Caubère m’a donné envie de faire ce métier. Je l’avais vu au Festival d’Avignon, j’ai vu sa trilogie et tout de suite  je me suis dit : “C’est ça que je veux faire !” (rires). C’était très prétentieux de ma part, très ambitieux mais j’étais fan, absolument !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Caubère est comédien et auteur. Marcher dans ses pas, ça veut dire que vous écriviez déjà?

ALEXANDRA LAMY. Oui et j’ai toujours écrit. Ma sœur (Ndlr : l’humoriste et comédienne Audrey Lamy) et moi avons dix ans d’écart donc on a eu l’impression d’être chacune des filles uniques. Etant élevées en campagne, on s’occupait beaucoup.  Je faisais des spectacles aux chèvres, aux chiens ou à mes poupées. J’étais un peu seule et j’ai beaucoup écrit.

“LA LIBERTÉ DE CULTE ET DE CONSCIENCE EST FONDAMENTALE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quels sont vos projets d’écriture ?

ALEXANDRA LAMY. J’écris avec Christophe Duthuron et Jean-Claude Carrière un film sur les Camisards, ces protestants qui se sont battus contre le régime catholique de Louis XIV. Je suis en plein dans la révocation de l’Edit de Nantes, les guerres civiles religieuses, la liberté de culte et de conscience…Cette liberté-là est la seule vraie liberté qu’on a. C’est fondamental. On peut nous obliger à payer des impôts, nous contraindre à n’importe quoi mais pas à ça. La laïcité, il faut qu’on la garde ! Vous voyez, on en revient à la question des religions.

LEBLOGFEMMEFEMMEQUIRIT. Vous jouerez dans ce film ?

ALEXANDRA LAMY. Je ne crois pas. Mon mari sans doute, ma sœur aussi, sans doute. Jean-Claude Carrière m’a taquinée en remarquant que je faisais passer ma famille mais ma sœur est une comédienne extraordinaire. On le sait quand on la voit dans Tout ce qui brille et dans Polisse, sur scène et partout. C’est la seule qui est capable de faire ce que j’attends de ce rôle. Je sais de quoi Audrey est capable, c’est moi qui l’emmenais au Conservatoire à Nîmes quand elle avait 10 ans.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui vous a décidée à l’inscrire au Conservatoire si tôt ?

ALEXANDRA LAMY. Elle était douée, elle était très talentueuse. Elle chantait, elle jouait des spectacles. C’est moi qui l’ai poussée à faire ce métier. C’est moi qui l’ai encouragée à monter à Paris puis faire le Conservatoire. Elle l’a passé et elle l’a eu ! Et là, pas question d’être la sœur de…Au Conservatoire, ils n’en ont rien à faire. Ils la prennent si elle a du talent. Il n’y a qu’une chose qui compte, le talent. Si tu n’en as pas tu te feras assassinée parce que tu es la sœur de et la belle-sœur de…Le talent, ça vient aussi avec le travail. Audrey est une comédienne et tout le monde le sait.

“MON MARI ME FAIT ENCORE RIRE, MA SŒUR ME FAIT HURLER DE RIRE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quelles autres comédiennes appréciez-vous dans le registre comique ?

ALEXANDRA LAMY. Karin Viard est une très grande comédienne, Marina Foïs, Valérie Lemercier. Catherine Deneuve est très drôle et pas assez utilisée dans ce registre. Isabelle Huppert était très drôle quand elle faisait de la comédie. C’est dommage qu’elle ait un peu perdu ce genre. Dans le onemanshow, Foresti est extraordinaire.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Chez les hommes ?

ALEXANDRA LAMY. Mon mari me fait rire encore.

LEBLOGFEMMEQUIRIT (grand éclat de rire) Oh lala vous vous entendez ? Vous dites “encore”  ! Vous auriez pu dire “toujours” !

ALEXANDRA LAMY.(rires) Quand vous vivez avec un homme vous pouvez le trouver moins drôle… mais c’est non. Mon mari me fait encore et toujours rire. Ma sœur me fait hurler de rire.

“MON HÉROS, LE FILM QUE JE PRÉPARE, CE SERA POUR JEAN ET MOI, POUR NOUS RETROUVER TOUS LES DEUX”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quels comédies au cinéma vous font rire ?

ALEXANDRA LAMY. Tous les de Funès. Je suis une grande fan de Bourvil, Pierre Richard, des films d’Yves Robert, des Tontons Flingueurs et de Jean-Paul Belmondo.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quels sont vos projets au cinéma ?

ALEXANDRA LAMY. On est en train de développer Mon héros avec Jean et Quad Productions. On est juste en début d’écriture. Ce sera une comédie dans laquelle je jouerai avec Jean sans faire Un gars, Une fille. Si on avait dû faire Un gars…version ciné, on l’aurait fait depuis longtemps et de toutes façons, la série ne s’y prêtait pas. Ce sera donc autre chose.

LEBLOGFEMMEFEMMEQUIRIT. Depuis le temps Un gars, Une fille sont devenus un homme et une femme et même un mari et sa femme, non ?

ALEXANDRA LAMY. Exactement ! A la limite dans Mon héros, on retrouverait plus Un homme et une femme. Mon héros, c’est pour nous deux, pour nous retrouver tous les deux.

 

La Vénus au Phacochère de Christian Siméon, mise en scène de Christophe Lidon avec Alexandra Lamy. Jeudi 14 et vendredi 15 février à 20h, et samedi 16 février à 17h et 20h,

Théâtre de L’Atelier : 1, place Charles Dullin, 75018 Paris. Tél : 01 46 06 49 24 .(Métro Anvers).

 

 

 

 

 

 

 

 


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