J’ai testé un numéro de Messmer “Fascinateur” !

Messmer “Fascinateur”, spécialiste de l’hypnose sera aujourd’hui, dimanche 3 juin à 17h au Casino de Paris dans le cadre du Festival L’Humour En Capitales. Leblogfemmequirit a testé l’un de ses numéros. Verdict : je suis convaincue mais un détail m’a troublée…

Messmer tient les foules au doigt et à l’œil (photo © HEC)

Le mardi 17 avril dernier à l’Hôtel de Ville lors de la conférence de presse du Festival L’Humour en Capitales, Messmer “Fascinateur” a fait l’un de ses numéros devant  Kev’Adams (qui sera à L’Olympia aujourd’hui à 17h) et François-Xavier Demaison qui affichaient un regard mêlé de scepticisme et d’inquiétude, et une assemblée de journalistes, producteurs de radio, télé, programmateurs complètement médusée. En anglais on dirait “mesmérisée” et je suppose que cet artiste québécois parfaitement bilingue n’a pas pris ce pseudo par hasard. Le verbe anglais “to mesmerize” a été formé à partir du nom de Franz-Anton Mesmer, fondateur de ce qu’on appelle le magnétisme animal. Pour les détails, je n’étale pas ma non-science et vous laisse wikipédier comme des grands.

Présence magnétique indéniable, charisme évident, sa seule présence fascine.

Invité à cette conférence, leblogfemmequirit a été choisi comme cobaye par Messmer “Fascinateur”. Ça n’était pas prévu, je ne me suis pas portée volontaire, c’est arrivé comme ça. “Tu as été prise, m’expliquera plus tard ma voisine, parce que tu avais l’air très concentré”. Effectivement, j’avais décidé de faire l’exercice consciencieusement tout en me fixant trois limites. La première d’ordre professionnel : si je m’abandonne totalement, impossible de restituer à mes fidèles lecteurs le contenu de la séance. La seconde d’ordre pratique et aussi esthétique : j’étais perchée sur des talons de 12 cm et je ne me voyais pas chuter les quatre fers en l’air. La troisième d’ordre moral et psychologique : je déteste être sous le contrôle d’un inconnu devant d’autres inconnus.

Présence magnétique indéniable, charisme évident, Messmer “Fascinateur” est un homme d’un peu plus d’1m80 doté d’une corpulence rassurante et dont le regard bleu impressionne. Et je ne parle pas de sa voix chaude, profonde, pénétrante. Encore plus envoûtante lorsque la musique “hypnotisante” retentit et lui donne encore plus de puissance. Devant une centaine de personnes, Messmer prend la parole : “Je suis heureux d’être à Paris pour présenter mon spectacle Messmer Fascinateur. Mon but est de vous emmener, à travers des émissions de télé et mon spectacle, dans des aventures intenses, extrêmes et aussi magnifiques, dans une méthode de sommeil profond avec l’aide de la suggestion, du magnétisme et de l’hypnostisme. Je vous emmène dans un état de sommeil au niveau du somnambulisme. A ce niveau, vous êtes sensibles et réceptifs à la suggestion. Par exemple, dans un état de sommeil, si je donne la suggestion qu’il fait froid, certaines personnes auront la chair de poule. Si je donne la suggestion qu’il fait chaud, dans un état de sommeil, vous ressentirez la chaleur. Sauf que si je vous dis que vous êtes sur la lune, regardez-vous bien marcher en état d’apesanteur. Vous allez vivre ça et voir que ça se répercute sur votre corps physique… mais je vais faire mieux que cela, je vais vous le démontrer. Vous voulez vivre l’expérience ?  Nous allons faire un test de réceptivité et je vais vous montrer combien le subconscient et la suggestion, c’est puissant !”.

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A la recherche des personnes les plus sensibles.

Messmer nous demande de pointer nos deux index vers le plafond et de les coller l’un contre l’autre en laissant un espace d’un centimètre et de fixer cet espace. Sous sa voix, une musique envoûtante comme on en entend dans les films de SF quand le réalisateur veut suggérer le mystère et parfois l’angoisse. “Poussez sur vos doigts…de mieux en mieux collés, de plus en plus soudés. Coincés, collés, soudés…”. Autour de moi, j’en entends pas mal rigoler et discuter tout en essayant de faire l’exercice. Au terme de ce premier test qui dure quelques secondes, les personnes identifiées comme “sujets les plus sensibles” sont invitées à séparer leurs index après que Messmer a claqué dans ses doigts trois fois de suite; et à le rejoindre sous les applaudissements de l’assemblée. J’en suis et ça m’amuse. Tout comme l’un de mes voisins très sûr de lui qui affirme “ne pas y croire mais vouloir essayer”. Moi, c’est le contraire : c’est justement parce que j’y crois que j’ai envie de tester le numéro lui-même mais surtout ma résistance. Me voilà donc sur le devant de la scène face à Messmer, prête pour un deuxième test.

D’emblée, Messmer prévient : “Nous allons plus loin. Vous ne risquez aucun danger avec l’expérience Messmer, vous allez pénétrer dans votre subconscient et vivre des aventures”. Il a raison de nous rassurer car nous ne sommes pas un public des plus faciles. Toutes les personnes présentes le sont  pour des raisons professionnelles et ne souhaitent ni perdre le contrôle ni devenir dépendants. Encore moins perdre la face en affichant un air un peu débile. Toujours cette peur du ridicule ! Pour ce deuxième test, nous sommes 8 debout. On nous demande de nous tenir tête droite, yeux fermés, pieds collés l’un contre l’autre, de poser nos mains sur notre tête et de pousser de toutes nos forces. Même protocole que le précédent, il s’agit de “coller vos mains sur la tête et pousser, pousser. Vos mains se collent de mieux en mieux, de plus en plus soudées, tellement collées, tellement soudées sur votre tête, impossible de les séparer. Vous restez concentrés sur ma voix. Vos mains sont coincées, collées, soudées…1,2,3 vous allez les séparer !”.  Fin du test, sous les applaudissements.

Mes jambes commencent à flageoler, une certaine mollesse envahit mon corps.

Messmer écarte quatre personnes de la sélection pour ne garder encore une fois que les sujets les plus sensibles. Je suis encore étonnée d’être sélectionnée, mais après tout, ça m’arrange. Mon objectif: déceler le point de rupture, le moment où je bascule d’une conscience claire, active et maîtresse d’elle-même à la dépendance de la voix du fascinateur. Cobaye discipliné, j’exécute les gestes, et garde le contact avec sa voix en me laissant bercer par la musique. Petit à petit, je me sens partir. Sur son ordre, je rouvre les yeux et je ressens quelque chose d’assez profond : mes jambes commencent à flageoler, les battements de mon cœur ralentissent et une certaine mollesse envahit le haut de mon corps. Seuls mes pieds fermement appuyés sur le sol sont en légère tension. Le reste de mon corps est prêt à vaciller.

“Maintenant que je vous ai trouvés, mon but, annonce Messmer, est de vous plonger dans un état de sommeil profond en moins  de 5 à 10 secondes. Vous allez sentir votre corps devenir lourd, lourd, comme une poupée de chiffon, rassurez-vous je vous retiens”. Messmer attire à lui une personne, une deuxième et une troisième qu’il tient fermement dans ses bras et que l’assemblée voit s’écrouler devant elle, l’une après l’autre. C’est mon tour… vais-je accepter de tomber comme une masse alors que je suis perchée sur des talons de 12 cm ?

Messmer s’approche de moi, secoue mon bras gauche en me disant que je suis de plus en plus lourde. D’une main il tient ma tête, de l’autre mon bras. Je me sens mollir de plus en plus mais je tiens bon. Sentant que je ne lâcherai pas et que je mets donc sa démonstration en danger, Messmer me dégage rapidement sur le côté et s’intéresse à un autre sujet. Pas de temps à perdre, au suivant !

J’assisterai donc à la chute, puis au raidissement total de Manuel, sorte de titi parisien au look qui rappelle à la fois Fred Chichin des Rita Mitsouko et celui de Noël Helno Rota, chanteur des Négresses Vertes;  Manuel  auto-proclamé Contrôleur du Bonheur qui  semble vivre pleinement l’expérience.  On voit clairement son corps se verrouiller et se placer dans une extrême tension au moment où Messmer lui ordonne de se raidir et de résister à la pression qu’il lui soumet. Manuel est raide, plongé dans un sommeil qui l’empêche de sentir ce qu’on lui fait subir. C’est totalement raidi qu’il tombe parterre retenu par Messmer. Son corps est dans une tension telle que Messmer lui fera faire la planche entre deux chaises avant d’inviter une femme d’une cinquantaine de kilos à s’asseoir sur lui. Totalement anesthésié Manuel ne bouge pas et supporte sans effort le poids de cette femme. C’est impressionnant visuellement et d’autant plus troublant qu’il ne se souviendra pas de l’expérience, une fois ses esprits retrouvés.  J’ai été bluffée, littéralement ! Bluffée, malgré les commentaires de quelques sceptiques qui se demandaient si le cobaye ne faisait pas partie du show…

Pourquoi leblogfemmequirit n’est-il pas tombé comme les autres ?

J’y crois, disais-je, et ça marche puisque ça s’est déroulé sous mes yeux. Alors, me direz-vous, pourquoi leblogfemmequirit n’est il pas tombé comme les autres ?  Il se trouve que je maîtrise plutôt bien toutes ces questions d’induction, de suggestion et d’état de conscience modifiée, que j’ai travaillé là-dessus et continue de me passionner pour ces techniques. Tout en restant en contact avec la voix de Messmer Fascinateur, j’écoutais ma propre voix intérieure qui lui faisait contre-écho. Et au moment où j’ai senti que j’étais conditionnée pour l’hypnose, que mon corps se dérobait, j’ai discrètement déclenché, comme un antidote, les quelques respirations profondes et les gestes qui vous font sortir immédiatement d’une séance. Je ne pense pas que Messmer m’ait vue remuer les orteils et serrer-desserer rapidement les poings pour regagner mon tonus musculaire, mais il a bien senti que j’étais en résistance. Et c’est pour cela qu’il m’a habilement dégagée sur le côté pour continuer son show.

C’était assez déstabilisant car j’étais dans un état de mi-mollesse, soutenue par quelqu’un qui tout d’un coup m’a repoussée et installée sur une chaise. J’avoue que pendant  une trentaine de secondes, j’étais perturbée. Mais son show étant rôdé à la seconde près, Messmer ne peut pas s’attarder sur un spectateur susceptible de faire capoter sa démonstration. C’est impressionnant visuellement, très fort au niveau des sensations et je comprends mieux l’enthousiasme des nombreux spectateurs qui assistent à son show ici et en Amérique du Nord.

Alors, c’est truqué ou pas ?

Messmer annonce clairement qu’il a recours à la suggestion, et ne nous manipule pas au sens sens premier du terme : il ne nous touche physiquement qu’au moment de nous plonger dans le sommeil. Et c’est un contact assez banal. Prudent, l’artiste prévient même qu’il va choisir “les personnes les plus sensibles” c’est-à-dire les plus réceptives. En d’autres termes, il ne prétend pas pouvoir hypnotiser l’assistance toute entière mais seulement quelques personnes sensibles…à son charme. Car il s’agit de cela aussi. on est charmé au sens magique du terme. Non, pas de trucages mais, je l’avoue, quelque chose m’a troublée. Cette séance a eu lieu le 17 avril dernier et tout ce que j’ai écrit provient des notes prises pendant et après cette rencontre.  Il y a quelques jours, en sortant du Jamel Comedy Club où j’étais allée voir Waly Dia, je croise Manuel, le sujet le plus sensible de Messmer. Manuel, le  fameux Contrôleur du Bonheur distribuait les flyers du festival, sur lesquels il y avait d’un côté  Kev ‘Adams et François-Xavier Demaison et au verso, une pub pour…Manuel, Le Contrôleur du Bonheur.

Le lendemain, alors que je m’apprête à appeler la production de L’Humour En Capitales pour connaître les liens entre Manuel et le Festival, je lis dans Le Parisien (édition du vendredd 1er juin, page VIII du Cahier Ile-de-France), un portrait de Emmanuel Arno, Contrôleur du Bonheur dans le métro et le RER. Dans cet article, la journaliste Amandine Liard écrit : “L’homme au béret a ainsi récemment fait la rencontre de Bruno Solo, au bluff. Ce dernier l’a depuis embauché pour être le porte-parole du festival comique L’Humour En Capitales, qui réunit de nombreux artistes  jusqu’au 3 juin à Paris”.

Ma réserve est là : pourquoi garder dans le test quelqu’un qui est le porte-parole de L’Humour En Capitales ? Messmer l’avait-il déjà rencontré ? Personnellement, je ne retire aucun crédit à Messmer et à son travail, mais ce ne sera peut-être pas le cas des plus sceptiques qui pensaient le 17 avril dernier que le numéro avait été “arrangé”.

En quoi est-ce de l’humour ?

Etonnée de voir ce show programmé dans le cadre d’un festival d’humour, j’ai interrogé Entourage, société québécoise qui produit le show Messmer fascinateur. Voilà ce qu’on m’a répondu : “En fait, le spectacle que présente Messmer se veut humoristique à travers ses interventions et les situations qu’il propose aux personnes hypnotisées qui sont sur la scène. Il crée des moments loufoques qui font assurément rire à tout coup les spectateurs dans la salle”. Une réponse claire qui me satisfait. Effectivement, le fait que les volontaires ne se souviennent plus de ce qu’ils ont vécu est plutôt amusant, j’ai pu le constater en regardant des extraits de ses shows télé. On vient y chercher d’abord des sensations et le rire n’est déclenché que par la stupéfaction des spectateurs engagés dans des situations souvent insolites.

Alors, on y va ou pas ? 
Evidemment que oui, et plutôt à deux ou en groupe pour pouvoir vivre des choses étonnantes, les partager au-delà de l’expérience et se constitue d’inoubliables souvenirs.

Où applaudir Messmer Fascinateur? : Aujourd’hui à 17h au Casino de Paris : 16, rue de Clichy, Paris. Tarifs : Carré or : 49 euros, Catégorie 1 : 43 euros. Catégorie 2: 36 euros.

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