Astrid Veillon : “Ma première fois est un concept qui casse les codes du théâtre!”

Astrid Veillon prête sa bonne humeur et sa fantaisie à Ma première fois qu’elle interprète aux côtés de Belen Lorenzo, David Macquart et David Tournay au Théâtre Michel devant un public conquis et chaque soir de plus en plus nombreux. Leblogfemmequirit est allée l’applaudir et l’interviewer.

David Macquart, Astrid Veillon, David Tournay et Belen Lorenzo.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ma première fois marque votre retour sur scène depuis 2006 où vous jouiez Opus Cœur d’Israël Horovitz au Théâtre Hébertot. Qu’avez-vous fait ces derniers temps ?

ASTRID VEILLON.  J’ai pris une pause de trois ans pour m’occuper de mon enfant (Ndlr: son fils Jules aura 2 ans le 10 avril) et ça n’était pas du luxe car j’ai travaillé pendant dix-huit ans sans vraiment m’arrêter et penser à moi. En 2010, j’ai publié Neuf mois dans la vie d’une femme (Ed. Calmann-Lévy) où je raconte mon expérience de la grossesse. Si beaucoup  de femmes vivent cet état comme un vrai bonheur; pour moi, ce fut un parcours semé de difficultés. J’avais envie de revenir sur scène avec un projet fort. Quand on m’a proposé la pièce Ma première fois, j’étais un peu inquiète car le texte n’est pas très riche, pas extraordinaire. La production m’a alors parlé du travail de Gabriel Olivares qui l’a mise en scène en Espagne et en a fait un vrai succès. Et là, j’ai donné mon accord parce que j’aime son univers presque almodovarien.

LBFQR. Comment est née la pièce Ma première fois ?

A.V. C’est parti d’un blog myfirstime lancé par Craig Stuart et Peter Foldy qui voulaient savoir si les premières fois des autres avaient été aussi mauvaises que la leur. Plus de 50 000 personnes ont fait part de leurs expériences sur ce blog, un succès dont s’est inspiré Ken Daverport pour écrire un spectacle qui remporte partout l’adhésion du public. La pièce est partie de Broadway et a fait le tour du monde. C’est un sujet universel que tout le monde connaît. La première fois reste forcément inoubliable…mais pas forcément au bon sens du terme ! Quelles que soient les histoires rapportées, le texte qui les restitue n’est jamais vulgaire. C’est drôle mais aussi parfois triste et émouvant.

LBFQR. Et  parfois carrément inattendu comme cette histoire d’inceste…

A.V. L’ambition n’est pas de choquer et même s’il y a des moments d’émotions comme celui-là, ça reste une comédie. L’auteur a travaillé à partir d’un matériau qui est la réalité. Tout le monde ne peut pas avoir vécu une première fois dans des conditions idéales avec le ou la partenaire idéale. L’auteur n’a pas fait l’impasse sur le viol, l’inceste et autres expériences traumatisantes; ce sont des premières fois malheureuses mais ça reste des premières fois. Le critère de sélection des témoignages c’est leur ancrage dans la réalité. Alors oui, il y a un inceste entre une fille qui s’offre à son frère atteint de leucémie. Il meurt quelques jours plus tard.

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LBFQR. Vous êtes la plus connue de ce casting, ressentez-vous une certaine responsabilité dans le succès que la pièce aura ou pas ?

A.V. Les producteurs avaient peut-être besoin de quelqu’un de médiatique mais même si je suis la plus connue, il n’y a pas de rivalité entre nous mais plutôt une belle cohésion. C’est pour cela que ça fonctionne. Le succès d’une pièce ou son échec ne peuvent jamais être imputés à une seule personne, ce serait trop facile ! On est une petite troupe et nous avançons groupés. Il y a une belle complicité entre nous.

LBFQR. La mise en scène prend le pas sur un texte somme toute assez simple et, vous l’avez souligné, pas très riche; pour autant, ça n’est pas une pièce facile à interpréter.

A.V. Oui, mais on prend tellement de plaisir à jouer ! Le théâtre, c’est parfois monotone, ce qui se passe sur la scène est au-delà du théâtre ! C’est un concept qui mêle le stand up, le one-man-show, les ombres chinoises, le sketch, des monologues, des dialogues, de la post-synchro…et casse les codes du théâtre. Tous les soirs, on dit le texte au fil du rasoir et on essaie des choses. Je n’étais pas inquiète en ce qui concerne nos parties respectives, on avait bien bossé. Ce qui a été difficile, ç’a été de répéter dans le décor. Vous avez vu la pièce, vous voyez que ça demande beaucoup de rythme et d’osmose entre nous. Un panneau mal fermé peut faire louper une vidéo. On a mis quinze jours pour s’adapter à ce mécanisme.

LBFQR.  Au moment où les spectateurs s’installent dans la salle, les quatre comédiens passent entre les rangs pour leur remettre un formulaire. Vous parlez au public, il vous pose des questions, s’étonne de vous voir côté salle. N’est-ce pas difficile pour la concentration d’être parmi les spectateurs avant de monter sur scène ?

A.V. C’est l’un des moments d’interactivité de la pièce. On l’appréhendait car c’est le seul que nous n’avions pas répété. C’est un moment plutôt chaleureux où on installe un climat, une proximité et ça nous enlève une part de trac. Les spectateurs sont surpris et ça les amusent. Et pendant qu’on lit les bulletins, on se concentre.

LBFQR.  Pouvait-on éviter les scènes dénudées avec un sujet comme les premières fois ?

A.V.  Oui et d’ailleurs, le texte est parfois plus cru que la nudité qu’on peut exposer. Moi, j’ai une scène d’amour dans le noir qui est autrement plus délicate que de montrer mon corps. Ni Belen ni moi ne nous déshabillons, ce sont les hommes qui donnent de leur personne. On a tellement vu de femmes nues pour vendre des machines ou des lessives que c’est un juste retour des choses ! La nudité qu’on offre aux spectateurs est proposée avec beaucoup d’élégance grâce à des jeux de lumière habiles. C’est vraiment très esthétique.

LBFQR. Vous passerez le relais à Séverine Ferrer à partir du 27 avril, quels projets vous réclament ?

A.V.  Effectivement, je ne ferai pas toutes les représentations à Paris mais j’aimerais partir en tournée. Ce serait ma première tournée. Je prépare mon premier film “Nous les femmes” adapté de ma pièce de théâtre La Salle de bains. Une pièce, décidément, qui aura eu une longue vie puisqu’après avoir remporté le succès que l’on sait, elle va être montée à Madrid par Gabriel Olivares, metteur en scène de Ma première fois.

Ma première fois de Ken Davenport, adaptée par Clément Michel et mise en scène par Gabriel Olivares.

Avec Astrid Veillon, David Tournay, Belen Lorenzo, David Macquart.

Au Théâtre Michel: 38, rue des Mathurins, 75009 Paris. Tél: 01-42-65-35-02

Du mardi au samedià 19h et le dimanche à 17h30.


 Allez Y ! On passe un très agréable moment face à ces quatre comédiens qui s’amusent autant qu’ils nous amusent. La mise en scène est très originale et réserve mille surprises. Quasiment pas d’accessoires ni de décor sur scène, mais par un savant jeu de projections sur un écran et de pivotement de panneaux, vous verrez apparaître un lit, une douche, un ascenseur…comme autant de lieux propices au passage à l’acte. Et bien sûr, un ordi géant puisque tout part de là. La lecture des formulaires remplis par les spectateurs servent d’intermèdes entre ces nombreux sketches et donnent lieu à une belle interactivité et d’étonnantes révélations. Forcément, quand on répond à des questions de façon anonyme, on se lâche !  Moi, par exemple, j’ai inscrit le nom du comédien David Macquart en réponse à la question numéro 3 Comment s’appelait le partenaire avec lequel vous avez perdu votre virginité? Mes réponses ont été lues. Ça a fait rire la salle et sursauter le comédien qui ne s’y attendait pas.

On ressort  joyeux et légers, peut-être avec le sentiment que notre première fois à n’était pas si catastrophique ou merveilleuse que celles rapportées sur scène. Programmé depuis le 19 janvier dernier  en semaine à 19h au Théâtre Michel, ce qui  est à mon sens une erreur, le spectacle passera à 21h dès qu’il s’installera au Palais des Glaces, à compter du 27 avril. Tant mieux ! 19h, c’était vraiment trop tôt  pour le public de trentenaires et de quadras clairement ciblé mais encore coincé au bureau ou dans le métro en début de soirée.

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