Courrèges: ses lunettes à fentes en mettent plein la vue. Un drôle d’objet à voir et à avoir !

Ces lunettes à fentes Courrèges sont jolies selon les unes, étranges selon les autres… personne ne s’entend. Reste que c’est un collector et que celles qui les ont entre les mains auraient tort de s’en séparer.

Lunettes à fentes, Courrèges Eyewear, 90 euros.

 

Personnellement, j’adore ces lunettes à fentes en plastique blanc injecté, voilà pour le détail technique. Je les trouve même indispensables à l’humeur de la femme qui rit que je suis. Et qui rit encore de voir la mine effarée de quelques consœurs déçues de les avoir reçues en cadeau de presse au terme de la journée de présentation de Courrèges Eyewear, la semaine dernière. Impossible de faire un pas sans entendre parler de la fameuse paire. L’une se sentait (sic) “arnaquée”!  “J’me suis déplacée pour rien! On nous montre des bolides et on repart avec une Smart !” . Ce à quoi j’ai répondu selon la personne et mon humeur : “Parce que tu sais conduire un bolide, toi ?” ou encore “Mais Courrèges ne te doit rien !”. L’autre affichait la mine déconfite de celle qui, au terme d’une tractation de la plus haute importance (en l’occurrence avoir flatté l’attachée de presse en espérant lui soutirer l’un des nouveaux modèles à paraître), a été payée en roupies alors qu’elle attendait des dollars bien verts: “Mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ?”.

Comment leur dire que recevoir une paire de lunettes à fentes est moins grave que d’être fendue par la lunette d’un sniper en Syrie ? 

La seule chose de verte, c’était son visage; du vert de la bile qui fait l’amertume et consume les êtres. Comment leur dire que recevoir une paire de lunettes à fentes est moins grave que d’être fendue par la lunette d’un sniper en Syrie ? Qu’à vrai dire, ce n’est pas grave du tout. Que c’est même un plaisir de recevoir un cadeau – quel qu’il soit- pour vous remercier de vous être déplacée. Comme j’aimerais recevoir un gift chaque fois que je rends visite à quelqu’un : chez lui, à son travail, à l’hosto, ou, qui sait ?!, en prison même. D’habitude, c’est le visiteur qui offre un cadeau au visité, à son hôte et j’ai bien envie de lancer cette mode auprès des services de presse. La prochaine fois que j’irai chez Courrèges Eyewear, j’amènerai un bonnet tricoté, une tarte au chocolat ou des Fraises Tagada Purple Intense (les nouvelles au goût fruits des bois qui viennent juste d’être commercialisées sont démentes !)…Un p’tit truc pour dire merci de m’accueillir. Je ne suis pas sûre d’être suivie car beaucoup de personnes se plient encore à un code qu’on résumera ainsi : “Si pas de visite, pas de cadeau ! Pas de cadeau, plus de visite !”

Ce manque de discernement m’a valu un échange des plus drôles avec Lisa, rédactrice de mode qui, elle, cultive le bon goût de ne jamais faire part de ses déceptions, dégoûts et amertumes et préfère en rire. Lisa était, comme moi, contente de sa paire.

Au Japon, les journalistes se seraient inclinées devant l’attachée de presse pour la remercier (peut-être lui auraient-elles érigé une statue dans la rue et un statut sur Facebook), aux USA, elles auraient trouvé ces lunettes à fentes follement arty and so typically french ! , au Royaume Uni, elles les auraient déjà custominées, détournées et forcément portées dans la rue pour célébrer leur auteur et les montrer au plus grand nombre. Ici, on a oublié d’apprécier à la fois le geste et le partage dont il est porteur. Dommage.

Porterai-je ces lunettes à fentes ? Je les ai déjà essayées sans même savoir qu’on me les offrirait et ça m’a beaucoup amusée. Les reporterai-je ? Oui et non. Non, parce que je veux les garder comme un collector et que, question style, le blanc m’épaissit le visage… que j’ai déjà assez rond.

Oui, car depuis les protestations de mes consœurs, je vois ces lunettes comme une sorte d’œillères des plus salutaires, un rempart essentiel contre les choses affreuses qu’on n’a plus envie de voir : une certaine stupidité qui altère la curiosité. A défaut de les acheter et de les porter, rincez-vous l’œil en admirant sur cette page ces lunettes qui en mettent plein la vue. Voilà.

Et là, vous vous demandez ce qu’il y a d’inscrit sur l’étui ci-contre. Allez, je recopie :

Courrèges, un regard visionnaire sur la femme. En 1965, André Courrèges donne sa définition de la femme moderne en affirmant son style : “qui n’est pas une simple vision esthétique mais qui correspond à une philosophie profonde définissant un style de vie”. La femme Courrèges de 1965, grande, sportive, féminine, bronzée…porte les célèbres lunettes à fentes qui ont marqué leur époque et l’imaginaire collectif. Elles ont été rééditées pour une des accumulations Hard & Soft Wear d’Arman en 1986, puis en 1988 à la demande de La Boutique de la Mode du Musée du Louvre, et reprises en 2001 pour l’affiche de l’exposition Sixties Mode d’emploi au Musée des Arts Décoratifs”.

Lunettes à fentes, Courrèges Eyewear et son étui : 90 euros. En vente  chez Courrèges : au 40, rue François 1er, 75008 Paris. Tél : 01 53 67 30 00.

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