Les Colocataires (Saison 4), six comédiens avec qui on signerait bien un bail.

Les Colocataires (saison 4) font un tabac à La Comédie Contrescarpe quatre soirs par semaine dans un show d’impro vif et vivifiant. C’est frais, joyeux, un vrai régal ! 

Florian, Jérémy et Yohann (photo du Facebook des Colocataires)

 J’ai passé une excellente soirée hier à La Comédie  Contrescarpe où j’ai enfin vu Les Colocataires dont on me parle depuis un bout de temps. C’est un spectacle d’impro porté par six comédiens agiles et malins que je ne connaissais pas ou peu. Comme dans la série Friends ou tous ses avatars, les protagonistes sont typés, castés de telle manière qu’il est impossible de les confondre. En ouverture du show, une video présente d’ailleurs leurs portraits et le spectateur repère sans peine les travers et petites manies des uns et des autres.

A les voir hyper décontractés en train de griller des clopes sur le trottoir devant le théâtre,  trente minutes avant leur show, on n’imagine pas un instant que le boulot de comédien en soit précisément un. Pas de trac apparent, pas de tension ni de nervosité. Ils sont heureux et impatients comme des gosses se rendant à l’école pour la première fois. La comparaison n’est pas vaine puisqu’en impro c’est toujours comme si c’était la première fois. Pas question donc d’être en mode dépressif ni en pilotage automatique pour Julie, Sophie, Delphine, Florian, Yohann et Jérémy. Et l’apparente décontraction que j’ai cru percevoir n’est peut-être qu’une façon de se concentrer.

Delphine, Julie et Sophie (photo du Facebook des Colocataires)

Pendant près de quatre-vingt-dix minutes, ils interprètent des sketches dont les thèmes sont définis par le public. Celui-ci vient de citer le bourreau et la Pologne lorsqu’on lui a demandé “le nom d’un vieux métier et d’un pays de L’Est”… A l’arrivée, cela donne une espèce de conte loufoque presque surréaliste énoncé tour à tour par cinq des comédiens interrompus à n’importe quel moment par le sixième qui joue les animateurs. “Donnez-moi une cause de divorce”, demande un comédien. “La pilosité répond un spectateur. Non, une maîtresse lance un autre”. Les Colocataires sautent sur l’occasion et tissent un sketch improbable et hilarant sur …“la pilosité de la maîtresse”.

Aucun risque de s’enliser côté scène ni de s’ennuyer côté salle.

Ces six-là font feu de tout bois devant un public habitué à leurs codes et qui en redemande. J’ai beaucoup aimé les délires dans lesquels ils se fondent à partir d’un événement comme les J.O qui ne s’y prête pas spécialement, le Juke-box (à partir du thème des impôts, l’évocation d’un contrôle fiscal sur des airs de Balavoine) et Encore, où l’un des arbitres demande à chaque comédien de re-re-faire sa scène. C’est pensé et sensé, intelligent et toujours drôle. Comme c’est le public qui dicte les thèmes, ils sont renouvelés chaque soir. Aucun risque de s’enliser côté scène ni de s’ennuyer côté salle. Bon, à ce stade de satisfaction, il va bien falloir que je bémolise mon propos. Et là, je fais la précieuse pour souligner ce qui mériterait d’être mieux formulé. J’ai regretté qu’il y ait parfois quelques répétitions et pas assez d’invention, de détournement et de piratage d’expressions comme sait très bien le faire Jamel Debbouze qui vient de l’impro lui aussi.

Si on retient volontiers leurs six prénoms on a très envie de connaître leurs noms et de ne plus oublier.

Toutefois s’ils flirtent avec une certaine facilité lexicale en utilisant à les user les mêmes expressions pour dire l’étonnement, l’effroi, la stupeur ou le dégoût, aucun d’eux ne peut être soupçonné de vulgarité. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de les piéger. Ainsi quand Delphine a demandé au public de citer “un défaut domestique”, j’ai immédiatement suggéré : “les taches d’urine sur la cuvette des toilettes”. Ce qui a fait l’objet d’un débat entre Jérémy et Yohan arbitré par Florian. Je suis trash ? Non, je teste. C’est là mon moindre défaut : j’adore lancer des défis aux improvisateurs et, dans un autre registre, piéger les mentalistes. De toutes façons, c’est sur des thèmes touchy, scabreux, sulfureux qu’on mesure la capacité d’imagination et d’écriture (malgré les apparences, l’impro en est une) des comédiens. Sans oublier leur finesse. Evitant ces chausse-trapes, Yohan, Jérémy et Florian ont été remarquables. C’était drôle, futé, jamais facile et toujours bien ficelé.

S’il y a véritablement six talents dans cette fine équipe, certains sont plus habiles et plus subtils aussi et tirent déjà leur épingle du jeu. J’ai déjà écrit ici ce que je pense du très charismatique Jérémy, déjà coloc’ de la saison 3, qui est pour moi l’un des meilleurs de sa génération et qui devrait faire une belle carrière sur les planches comme au cinéma. Il faut le voir jouer “L’homme idéal ou juste un gros connard ?”, son one-man-show tous les samedis à 19h au Bout pour comprendre. J’ai adoré les propositions inventives et généreuses de Yohann et Sophie que j’ai hâte de revoir sur d’autres scènes et dans un autre format et genre de jeu. Florian a du bagout, Delphine est rayonnante et Julie une vraie meneuse. En conclusion, si on retient volontiers leurs six prénoms on a très envie de connaître leurs noms et de ne plus oublier.

Les Colocataires du mercredi au samedi à 21h30 à La Comédie Contrescarpe : 5, rue Blainville, 75005 Paris. Tél : 01 43 26 25 60 (Métros Place Monge et Cardinal Lemoine) .

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